Ciao, Marco !
Lorsque Marco nous a quittés le 6 août 2015, les réseaux sociaux et en particulier Facebook ont été submergés de témoignages de ses innombrables amis. Dans ma propre douleur, je trouvais un réconfort à les lire, et j’ai été étonnée de trouver souvent le même avant-propos : « Je ne le connaissais pas depuis longtemps, mais… » ou bien « Je n’ai pas pu le rencontrer mais… » !
Et
puis j’ai réalisé que, même si j’avais eu la chance de le rencontrer une fois,
nous n’étions pas non plus « des amis de longue date »…. Alors, pourquoi
était-il dans nos cœurs « un ami de
toujours » ? Et pourquoi en si peu de mois a-t-il pris une aussi grande place dans la vie de si
nombreux anonymes ? J’ai compris que son écoute, sa faculté d’empathie et
son intelligence faisaient que justement, dès la première
« rencontre », chacun d’entre nous n’était plus pour lui un anonyme…
Mes
premiers contacts avec lui se sont faits sur Facebook, je crois en 2011 ;
il faisait partie des « amis » de mon frère Pascal, alias Sam Pierre,
grand amateur et spécialiste de musique anglo-saxonne, et en particulier de
folk, country et bluegrass. Je suis moi-même une inconditionnelle de Johnny
Cash, Hank Williams et autres Woodie Guthrie, et mon frère m’a permis de
découvrir d’innombrables autres talents.
J’ai
donc remarqué les posts de Marco, découvert l’existence des PBB, et j’ai
immédiatement aimé leur musique et leur interprétation. De plus, j’ai été
attirée par la mixité Italie du Nord – USA ; je pensais alors que Marco
était de Milan. Puis un beau jour il y a eu un concert des PBB à Cadrezzate,
sur le Lago di Monate…le village de naissance de ma belle-mère, où nous avons
encore de nombreux cousins que nous visitons fréquemment. J’ai alors pris
contact avec Marco et j’ai découvert qu’il était de Varèse, qui est d’ailleurs
aussi la ville d’origine d’une de mes arrière-grand-mères (nommée Aletti). Un
lien « personnel » s’est déjà établi à ce moment-là…
Un
peu plus tard, je crois début 2012, Marco et les PBB se sont attaqués au projet
de leur CD « PBB III » et ont
lancé une campagne de financement participatif Kickstarter, dont Sam m’a
informée. Tous les deux nous avons répondu « présents », mais hélas
nous n’avons pas été assez nombreux pour que l’objectif soit atteint… Marco ne
s’est pas découragé, et a décidé qu’il poursuivrait son projet sans le
pré-financement. Mon frère et moi
l’avons tout de suite conforté dans son idée, en nous engageant à
acheter ce disque dès sa sortie. Marco était déjà ami depuis longtemps avec mon
frère, mais je crois que c’est à ce moment-là qu’il m’a « adoptée »
sinon dans ses amis, mais au moins dans les fans inconditionnels des PBB.
J’ai
acquis avec bonheur « PBB III » en septembre 2012. Par la suite en
2013 j’ai participé au projet « Back to the Country » et j’ai reçu à
cette occasion les CDs plus anciens « Rarities » et
« Bordertown ». Et un peu plus tard le DVD « Welcome to
Nashville ».
En
juin 2013, Marco a fait de la publicité pour la sortie du livre de son frère
Carlo « Valzer par Varès », livre écrit en italien et en dialecte.
J’ai souhaité acquérir ce livre pour mon mari, qui, enfant, a été baigné dans
l’ambiance du dialecte lors de ses vacances à Cadrezzate. Carlo a eu la
gentillesse d’écrire une dédicace pour mon mari. Mais Marco a refusé que je
paie ce livre, en me remerciant de l’intérêt que je portais aux PBB, et en
m’encourageant à continuer. Je pense
qu’à ce moment nous sommes vraiment devenus des amis… Amis aussi pour les
mauvais moments, puisque Marco m’a appris qu’il avait un cancer grave, et qu’il
allait devoir subir une importante intervention chirurgicale. Sa franchise et
le choix qu’il a fait d’en parler ont permis à ses amis, dont moi bien sûr, de
prendre régulièrement de ses nouvelles, et de le suivre dans les améliorations
de sa santé, de l’encourager quand cela allait moins bien. Et bien sûr les PBB
ont continué à remplir sa vie – il n’est pas utile que je retrace ici ce que
tout le monde connaît : le voyage aux USA, « Time to start
again », « Mock », puis fin 2014 le CD de Cecilia
« Glory ». Et enfin « Compasses and Maps » qu’il a pu
réaliser alors que la maladie prenait le dessus, tout en réalisant ses tournées
avec Greg Harris puis Ron Martin.
Sur
un plan plus personnel, nous devions passer une semaine de vacances à Monate
fin avril 2015 ; j’en ai averti Mario, qui a tout de suite souhaité que
nous nous rencontrions. Nous avons opté pour un dîner informel, et Marco a
choisi la « Trattoria della Rosa » à Cazzago Brabbia. Il tombait des
cordes ce mercredi 30 avril, mais l’ambiance était chaleureuse. Marco était
venu avec Gabriella et Cecilia, et Carlo les avait accompagnés avec Carla. Nous
avons été très touchés par cette gentillesse, et nous avons passé une soirée
merveilleuse…qui aurait pu croire que c’était la première fois que nous nous
rencontrions… Oui, on peut vraiment devenir amis « de loin » quand on
partage de vraies valeurs ; et quand on rencontre des gens aussi fabuleux
que Marco et Carlo…
Sauf
que la santé de Marco se dégradait. Il devait retourner à l’hôpital pour
essayer un nouveau traitement. Et il nous a dit ce soir-là : « Je
sais que je ne guérirai jamais. Mais j’essaie des traitements nouveaux qui
devraient freiner l’évolution de la
maladie, et me permettre de continuer à mener une vie normale le plus longtemps
possible ». J’étais pétrifiée par sa lucidité, et par sa détermination,
mais face à une telle force, on ne peut s’autoriser à se laisser aller…
Nous
nous sommes quittés en ne sachant pas si nous nous reverrions. Mais je ne
pensais vraiment pas que juste trois mois plus tard Marco serait parti.
Le
« hasard » (ou la main de Dieu ?) a voulu que nous nous
trouvions à Cadrezzate du 4 au 9 août… J’ai vécu la visite de l’Expo de Milan
le 5 août comme une somnambule, car je venais d’apprendre que Marco vivait ses
dernières heures ; nous avons
appris son départ le lendemain. Et nous avons pu nous joindre à la famille et
aux amis de Marco pour la « fête » de départ qu’il avait souhaitée le
8 août. Le miracle, c’est que, même si les larmes étaient au bord des yeux,
c’est lui qui nous a réconfortés…. Je n’oublierai jamais la fabuleuse
interprétation de « Will the circle be unbroken » et de « Time
to start again… » par ses amis proches, par Cecilia, Par Guido...
Marco était là. Il est toujours avec nous.
Merci,
Marco ; merci Mock…
Francine
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